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LES CYBERCAFES

Le cybercafé est un lieu de service destiné essentiellement à proposer aux personnes l’accès à Internet et aux données publiques mises en ligne. Mais de plus en plus d’activités s’y ajoutent : il est souvent possible d’y scanner ou imprimer ses documents, Certains permettent également de jouer à des jeux en réseau, avec d’autres clients sur le réseau local ou sur Internet ; Certains se focalisent même sur cette activité pour devenir des salles de jeux en réseau. La taille des cybercafés est variable de 1 PC dans certains pays émergents, à plus de 200 PC comme la Chine.

Il existe des chaînes de cybercafés qui s’appuient sur un modèle économique performant. Ces espaces situés dans de fortes zones de chalandise sont uniquement consacrés à la connexion Internet et proposent un parc d’environ 50 à 100 postes informatiques dans un lieu ouvert 24h/24. Le summum est atteint dans certains pays émergents où le réseau Internet est peu développé : les cybercafés deviennent des lieux de rencontres conviviaux avec restauration rapide et boissons, prisés de la jeunesse estudiantine, utilisés en famille pour communiquer à peu de frais grâce à la vidéoconférence. Certains habitués y ont même un espace disque privé permettant de ne pas souffrir des restaurations.

Aperçu historique

Le concept de cybercafé est à rattacher au courant artistique de Californie des années 1980. En 1984, à Santa Monica, a été fondé le premier « café électronique » par deux artistes : Kit Galloway et Sherrie Rabinowitz, à l’occasion du Festival Arts Olympiques de Los Angeles.

À l’origine, le concept était d’interconnecter plusieurs communautés ou ethnies en utilisant ce média pour faire émerger un nouvel espace d’échange et de collaboration avec des événements virtuels, des concerts. On appelait alors ce concept CAFE pour Communication Access For Everyone.

Le premier cybercafé ouvert au monde est le Café Cyberia (qui s’appelle maintenant BTR Internet Café) à Londres (39, Wiltshire Road). Il fut ouvert le 1er septembre 1994. Le premier ouvert en France est Le Cyb.Estami.Net à Marseille le 2 mai 1995, et puis le Café Orbital à Paris.

Le cybercafé et la métropole parisienne : quelle influence sur la société ?

Les métropoles changent à une vitesse de plus en plus rapide et ce changement modifie la
manière des hommes de les habiter, de travailler et de se relier aux lieux qui composent
l’espace urbain. Or, aujourd’hui ces changements affectent des domaines nouveaux comme
les relations entre les communautés virtuelles et ancrées sur un territoire, et entre
l’organisation de la ville et le cyberespace. Ce dernier ne désigne pas un espace virtuel et
indépendant de l’espace géographique mais la mise en réseau des lieux par l’Internet, ses
infrastructures, ses services, ses contenus mais aussi ses usages. Cette mise en réseau de
lieux et de dispositifs socio-techniques comme les cybercafés, différencie l’espace et
participe donc à la production de la géographie urbaine.

A Paris comme toute la France, les cybercafés se présentent comme des lieux de convivialité
et de rencontres à l’instar des cafés et autres brasseries. Il n’est pas rare de rencontrer des
clients de cybercafés disposant déjà d’un accès à Internet à domicile. Les cybercafés sont
considérés comme des agents de socialisation. Certains cybercafés se sont spécialisés dans le
jeu en réseau (comme les salles de jeux en réseau). Les joueurs partagent non seulement
une passion mais aussi des codes, des règles et des astuces.

Au niveau de la métropole parisienne, on distingue deux types de structures : les cybercafés
de groupe et les cybercafés indépendants. Les cybercafés de groupe répondent à une part
importante de la demande d’accès public sur la métropole. Organisés en énormes espaces
ou disséminés dans plusieurs quartiers, ils proposent pour une somme modique de
consommer de l’Internet à toute heure. L’accompagnement et la formation ne sont pas
prévus et aucune logique de projet ne préside à leur fonctionnement. Les cybercafés
indépendants, en forte concurrence entre eux doivent proposer un accompagnement et des
animations complémentaires de la navigation en libre accès, et développer des spécificités
pour survivre.

Les utilisateurs des cybercafés se servent souvent des réseaux numériques comme prétexte
à socialisation. Ces lieux sont, en effet, fréquentés par une foule assez hétérogène —
touristes, habitants du quartier, etc. — de toutes origines et de tous âges. Ils réalisent une
rencontre physique autour de l’ordinateur, point de convergence d’intérêts communs
destiné à être oublié en tant qu’objet. Mais la socialité qui se manifeste en ces lieux relève-t-elle de logiques générales à l’oeuvre dans tout espace de rencontre —bar, bibliothèque, club— ou présente-t-elle une spécificité ? La confrontation entre les types des cybercafés et l’environnement local permet d’ébaucher une réponse à cette question. Certains cybercafés induisent une mutualisation des informations, en réseau et aussi in situ. Ils sont à la fois :

• Lieux de référence entre habitants du quartier ;

• Lieux d’accompagnement et de socialisation communautaires qui touchent une population peu motivée par les formes traditionnelles du débat public, mais qui s’exprime aisément à travers le « chat », la création de pages Web, etc. ;

• Lieux de rencontre et d’expression collective entre groupes d’habitants.

• Lieu de rencontre pour des populations qui ne se croiseraient pas autrement, et qui se retrouvent ici autour de pratiques communes et d’échanges de savoir, ces accès publics contribuent à tisser des liens intergénérationnels et inter-sociaux. Ils pourraient favoriser une mixité sociale là où d’autres approches, volontaristes, ont échoué.

L’adéquation entre l’offre, l’usage et le type de fréquentation des cybercafés laisse espérer, en outre, une pérennité des structures. De ce fait, elles pourraient préfigurer de nouvelles places publiques. Rappelons que la place publique n’est « place » que par rapport aux territoires urbains qu’elle contribue à qualifier, et « publique » que par l’usage qui est fait de l’espace qu’elle propose. Elle peut être ce lieu de débat dont le café du 19e siècle est un exemple récent : les cybercafés n’en seraient-ils pas la résurgence contemporaine. En ce sens, ils peuvent contribuer à territorialiser une communication électronique par définition déterritorialisée et asynchrone.

Jean-Maxime Descheemaekere, Ali Kabacha, Alexandre MARIONNEAU