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L’épistémologie ou la sociologie de la science – Article de synthèse

Article de synthèse

Notre travail de recherche visait à appréhender les liens entre la science et la société. Nous avions pour but de comprendre comment la société oeuvre dans le milieu scientifique.

Dès lors, pour comprendre ces rapports épistémologiques, nous avons choisi d’étudier la question du clonage. En effet, ce domaine de recherche pose diverses problématiques éthiques et sociales.

Pour comprendre les impacts de la science sur la société et inversement, nous avons d’abord analysé trois cas d’étude, des longs-métrages, afin d’en tirer les principales questions.

Dans le premier cas d’étude, The Island (Michael Bay, 2005), le clonage est thérapeutique.

Il est utilisé afin de guérir des personnes malades, en utilisant des organes, du sang ou des tissus. En revanche, le client, même s’il a consciemment payé pour disposer de ce « don » d’organes, ignore qu’il y a eu nécessité de tuer pour qu’il en bénéficie. Le clonage n’est pas admis par le gratin de la population qui souhaite augmenter sa longévité. Naïvement, ils pensent seulement payer pour quelque chose d’inhumain, dans un état végétatif.

D’autre part, il y a également une réflexion sur la manière dont on élève des clones. Ceux-là ont tout d’humain. Il faut tout prévoir pour qu’ils ne se posent pas trop de questions. Pour ce faire, on leur inculque un souvenir commun qui permet de créer une population unie comme s’ils étaient les seuls survivants. D’autre part, on est obligé de leur inculquer des schémas mémoriels afin de les maintenir conscients de leur corps. Sans esprit vivant, le clone meurt.

Le clone est un produit de consommation qui permet d’améliorer la vie. La production de clones est basée sur des mensonges envers la population « receveuse » et la population « donneuse ». Le clonage n’est pas une science totalement acceptée par la société même si quelques personnes doivent bien se douter de ce qu’il se trame derrière ces opérations.

Dans le deuxième cas d’étude, Le Prestige (Christopher Nolan, 2006), le clonage est divertissant.

Il est utilisé afin de réussir un tour de magie, L’homme Transporté, grâce à des clones du magicien et à une invention. Nicolas Tesla crée une machine à champ magnétique. Le clonage n’est pas admis par la population qui souhaite se divertir. Inconsciemment, ils refoulent le clonage et ils pensent percevoir de la magie.

D’autre part, il faut regarder à quoi le clone est assujetti. Le double devient ici le magicien. Le clone original disparait par une trappe sous la machine. Il se retrouve à chaque fois dans un bocal d’eau géant, fermé à clef par l’ingénieur du magicien lui-même. Il est donc noyé, puis entreposé avant d’être jeté à la mer. Le clone est le prestige. Il est la clé sans laquelle le public n’applaudirait pas au tour du magicien. Pour la population, il ne peut pas utiliser cette science puisqu’elle n’existe pas. Il n’y a pas de questionnement quant au statut des clones, ils comprennent qui ils sont s’ils ne sont pas tués.

Dans le troisième cas d’étude, Moon (Ducan Jones, 2009), le clonage est productif.

Il est utilisé afin d’optimiser la production d’énergie sur la Lune. L’entreprise qui exploite la Lune a besoin d’un être humain pour gérer la base de production lunaire. Il est accompagné par une intelligence artificielle. Le clone a besoin de schéma mémoriel, de souvenirs et d’ambition pour vivre. Sa condition est supervisée par l’intelligence artificielle, programmée pour satisfaire au maximum son bonheur. Le clonage est complètement caché à la population sur Terre et au clone lui-même qui se croit un humain naturel.

Il faut également regarder la façon dont le clone est maintenu dans un état sans curiosité. Il devient curieux que lorsque l’IA n’est plus là, lorsqu’il part de la base pour aller réparer une panne sur un des générateurs. Il découvre alors un être qui lui ressemble. À partir de ce moment, le clone veut des réponses à ses questions. Il cherche l’envers du décor, et tombe nez à nez avec des clones. Même s’il comprend qu’il n’est pas issu d’une reproduction naturelle, il souhaite rejoindre la Terre pour dévoiler au monde son existence.

Le clonage à la possibilité d’être révélé à une population qui ne soupçonnait même pas son utilisation comme un outil de production. Le clonage serait probablement rejeté par la population, mais surement accepté par certains états pour exploiter des « êtres jetables » à des fins purement financières.

Le clonage est caché à la population dans la science-fiction.

Il y a néanmoins quelques complices pour faire fonctionner le business. Le clone est utilisé à des fins individuelles afin de satisfaire une vie plus longue, un meilleur spectacle ou un besoin énergétique. En aucun cas, le clone n’est considéré comme un humain.

Se pose à nous la question du statut du clone dans une société, si celui-ci devait fournir des éléments médicaux. Le clonage thérapeutique offre des perspectives, mais nous posons la question de l’éthique de la création d’un double afin d’en prélever un élément. La création d’organe ou de tissus non issue d’un corps conscient est une alternative envisageable.

Le clone humain représente un fantasme de la société sur l’avenir. Quand sera-t-il lorsque le clone deviendra une réelle possibilité ? Le clone semble être le moyen de résoudre des problèmes humains, seulement ?

Pour avoir plus de matières sur ces questions éthiques et scientifiques, nous avons choisi d’axer notre développement avec trois avis critiques sur le clonage. Ils répondent à certaines questions, mais en posent des nouvelles.

Notre premier intervenant est l’épistémologue Bruno Latour.

Il répond des questionnements politico-sociaux. Le clonage pourrait-il être adopté à partir d’un consensus à la fois politique et scientifique ? « Si les scientifiques sont vraiment bons, ils ne peuvent pas tous être d’accord ensemble. Le consensus scientifique ne permet jamais d’agir politiquement. » Le clonage n’est pas seulement un problème d’éthique, mais il interroge également la politique, les lois, les droits. Il propose d’organiser des parlements internationaux qui permettraient de discuter de ces questions bioéthiques afin d’obtenir des consensus d’homogénéisation des lois. Nous pourrions répondre politiquement à de nombreuses questions mises de côté, car elles ne trouvent pas de réponse si elles ne sont pas discutées. Alors, le clonage serait une des premières questions posées dans ce type de Parlement international.

Où pourrait être tenu ce parlement, puisque le lieu serait symbolique ? D’autre part, toutes les nations voudront-elles y participer ? Combien de questions trouveraient des réponses selon un consensus ? Les états appliqueront-ils automatiquement les décisions prises lors du parlement ? Qui représenterait les états : chimistes, politiciens, scientifiques, citoyens, industriels ?

Notre deuxième intervenant est le scientifique Maurice Wegner.

Le professeur au CNRS nous fait part des avancées du clonage. Selon lui, le clonage a trois avantages à relativiser si on les applique au clonage humain. Il permet de conserver les performances de l’organisme cloné sur le nouvel individu. Il permet d’éviter l’extinction des certaines espèces. Mis en place de façon thérapeutique, il peut sauver des vies.

On peut cloner tout type d’être vivant, mais pas avec la même réussite. Le clonage humain reste très difficile. « Globalement, la proportion d’embryons implantés qui parviennent à se développer jusqu’à donner des êtres viables reste extrêmement faible : moins de 1 % ».

Il rappelle que le clonage humain est interdit aujourd’hui en France, mais ce ne sont que des lois nationales. On retrouve les propositions de Bruno Latour pour la mise en place d’un parlement international. Aujourd’hui, un pays isolé peut autoriser le clonage humain et le développer en interne.

Comment va évoluer la science du clonage ? Le clonage thérapeutique et ses bienfaits pourront-ils passer outre les lois sur le clonage humain ? Quels seront les enjeux politiques de demain sur le clonage ? Le clonage peut-il être bénéfique à la population sans satisfaire des intérêts personnels ?

Notre dernier intervenant convoqué est le sociologue Bertrand Pulman.

Selon lui, les avancées scientifiques posent des problèmes éthiques puisque les données actuelles ne sont plus suffisantes pour répondre à de nouveaux questionnements.

Avant de proposer des réponses aux avancées scientifiques, et notamment au clonage, Bertrand Pulman préconise d’appuyer une réflexion sur des faits avérés. Le simple fait de mettre en place une réflexion prenant en compte tous les paramètres mis en jeux permet d’inhiber la subjectivité et d’enlever toutes les réactions émotionnelles sur le sujet. Il propose une méthode pour organiser la réflexion sur le clonage, qui pourrait être présentée au parlement international voulu par Bruno Latour.

D’abord, il faut définir le clonage. Puis, il faut des arguments déployés et formuler l’interdit. La résultante de cette méthode formera une base qui permettra d’avancer le débat sur ces questions éthiques et scientifiques. Il précise qu’il faut prendre en compte les statuts sociaux des acteurs du débat et leur position. Ses questions reflètent la fascination et la répulsion de la société quant à l’application du clonage à l’espèce humaine. Le clonage signifie une reproduction asexuée dans laquelle sexualité et reproduction n’ont plus rien en commun.

Le clonage n’est pas la seule question qui mériterait d’être posée à un parlement international et indépendant, mais elle est majeure. Cependant, il faut tenir compte des positions de chaque acteur lors des débats. Il ne faut pas non plus penser que cette discussion apportera des réponses. Elle sera bénéfique pour favoriser une entente internationale, une réflexion commune et objective sur des questions à repolitiser.

Dans ces trois avis, la discussion prône. Elle précède la prise de décision nationale et la formulation des lois. Mais quel sera le premier état à prendre des mesures à la suite d’une discussion objective ? Quel impact ce parlement aura-t-il sur les relations politiques entre états ? Comment la société réagira-t-elle à une prise de décision ?

Ces questions ne sont pas propres au clonage au lui-même. Le clonage est un moyen de traiter une partie des relations entre sciences et sociologie. Il n’est que le moyen de révéler la complexité des liens qui unissent ces deux disciplines.

Si nous choisissions d’appliquer toutes nos réflexions et nos recherches à l’ensemble de la science vis-à-vis de la sociologie, il serait alors inévitable d’avoir recours à ce parlement.

Nous pouvons affirmer que les sciences impactent la sociologie, elles la perturbent et remettent ses principes en question. Une recherche scientifique n’aboutie pas à la même réponse suivant son contexte de développement. Un chercheur à Vienne en 1515, un médecin sous l’Allemagne nazi en 1945 ou un scientifique américain contemporain, n’ont ni les mêmes clefs, ni les mêmes outils, ni les mêmes objectifs, ni les mêmes pensées. Les données géographiques et temporelles, la législation, le régime de l’état modifient considérablement la visée et l’aboutissement d’une découverte.

Il en est de même pour la sociologie qui, par ses réflexions, influe sur l’évolution des sciences.

Nous pensons que la société est liée à l’évolution de la science. Ces deux disciplines s’influencent l’une avec l’autre et l’une selon l’autre. Nous ne pouvons pas nous passer de la science aujourd’hui dans notre mode de vie, elle est omniprésente autour de nous. La société devra se réunir pour discuter de son avenir scientifique et, comme le préconise Bruno Latour, ouvrir des réflexions. Les discussions permettrons non pas d’obtenir les solutions, mais de créer une société unie qui réfléchit ensemble sur son évolution.

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L’épistémologie selon Bouygues Telecom : Le progrès vous appartient !

Erwan Guyot – Mylène Gouin – Emilien Pont

L’épistémologie ou la sociologie de la science – Regard critique n°3

Regard critique 3

L’expertise d’un sociologue. Bertrand Pulman, le clonage scientifique.

Voir extrait du livre le clonage scientifique : http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFS_463_0413&DocId=138239&Index=%2Fcairn2Idx%2Fcairn&TypeID=226&BAL=angWqf51iZa3g&HitCount=2&hits=3b57+2dfd+0&fileext=html

Bertrand Pulman est un sociologue français, auteur de textes traitant des méthodes de procréations assistées, du clonage, et des questions que posent ces pratiques dans notre société. Pulman parle dans ce texte des enjeux du clonage par rapport à la bioéthique.

Il est important de comprendre dès le départ la difficulté que l’on peut avoir à se positionner par rapport a ce sujet – Tout ce qu’on peut faire au niveau biomédical doit il être nécessairement autorisé ? Comment faut-il aborder cette question sur le plan éthique ? – en faisant abstraction de ses convictions, de la religion et des lois (qui sont elles mêmes vouées à évoluer).

Le domaine scientifique, et en particulier biomédical est celui ou se posent les questions les plus cruciales, dès lors qu’elles concernent la naissance et la mort. La bioéthique parle plus généralement des pratiques controversées en médecine (la contraception et l’avortement, la transplantation et le don d’organes, la procréation assistée, l’euthanasie). Le sociologue possède un rôle clef dans ce débat : « Cette évolution extrêmement rapide illustre la course-poursuite qui s’est engagée entre les avancées scientifiques, la réflexion éthique et l’élaboration de normes juridiques. À notre sens, elle appelle une réflexion de nature sociologique. »

Pulman se positionne dans la lignée d’autres sociologues tels que François-A. Isambert, Paul Ladrière et Jean-Paul Terrenoire, qui considèrent que l’avancée de la science provoque un accroissement de la sphère éthique dans le sens ou les progrès de la science suscitent des situations inédites pour lesquelles les critères disponibles sont inadéquats.

L’éthique n’évolue pas au même rythme que la science, et c’est cette latence qu’essaye de combler le sociologue.

D’après Pulman, avec l’accélération des avancées scientifiques,  les dilemmes moraux vont se multiplier dans notre société pluraliste et le thème de l’ éthique biomédicale  va prendre de plus en plus d’ampleur dans les années à venir. La bioéthique » constitue un véritable laboratoire à ciel ouvert pour qui veut observer et étudier des normes en train de se faire ». Le clonage dans notre société est en effet instantanément associé à des idées qui impliquent moralement chacun d’entre nous : le fait que ce soit un mode de reproduction asexué, que la descendance soit identique à l’être qui lui à donné naissance, et plus généralement, de l’intervention humaine sur la nature. Pulman nous met en garde contre les peurs et fantasmes que le clonage peut engendrer. D’ après lui, « La réflexion doit prendre appui sur des faits avérés. »

Il est vrai que nous sommes trop souvent tenté de réagir de manière émotionnelle  face aux faits divers que relaient les médias. Le sociologue prend par exemple le cas de la secte raëlienne qui annonçait la naissance présumée de bébés humains issus d’opérations de clonage. Cet événement avait fait grand bruit et suscité plus de réactions indignées que de débats fructueux. Ce dernier souhaite aborder le sujet de manière très pragmatique, voire scolaire, poser le pour et le contre, argumenter, envisager tous les paramètres qui entrent en jeu pour en dégager, si ce n’est des réponses, au moins une réflexion dont tous les paramètres seraient pris en compte, afin d’ éluder la subjectivité. Pulman explique que son rôle n’est pas de trancher le débat mais de le clarifier et l’énoncer.

Il propose pour cela de dégager des thèmes précis, dont des dialogues peuvent naître.

  • D’abord, celui de la définition du clonage : quelles sont les différentes acceptions du terme ? Quelles sont les médiations entre les travaux scientifiques et la perception du clonage dans la culture populaire ? À travers quelles étapes le clonage est-il devenu l’objet d’un débat public ?
  • Ensuite, celui des arguments déployés : qui a pris la parole au sujet du clonage ? Quels ont été les principaux arguments émis en faveur et surtout à l’encontre du clonage humain ? Comment les différents niveaux d’argumentation se situent-ils les uns par rapport aux autres ?
  • Enfin, celui de la formulation de l’interdit : comment une norme sociale ayant pris naissance sur un fort socle émotionnel en est-elle venue à trouver une traduction juridique ? Quels sont les problèmes que soulève l’hétérogénéité des formulations actuelles notamment au plan international ?

Un point soulevé par ces questions, et qui semble important et très intéressant est le rapport entre les positions des acteurs qui entrent en compte, et les strates de la vie sociale, ou comment un sujet peut mettre en lumière des relations entre des points de vue et des catégories de personnes . Un prêtre n’aura sans doute pas la même opinion sur la question qu’un scientifique, mais aux yeux du sociologue leurs avis ont la même valeur. Il sera alors d’autant plus important de prendre en compte des avis divergents qu’ils sont nombreux et opposés.

Le problème lié au clonage, selon Pulman, est la fascination et la répulsion que son application à l’espèce humaine engendre. La forte couverture des médias, qui s’emparent du thème, oblige alors les autorités à réagir dans la précipitation alors que les pouvoirs publics doivent prendre des décisions rapides. Selon ce dernier, le fantasme prends le pas sur l’utilité thérapeutique qui pourrait découler du clonage ( traiter la maladie de Parkinson, des cardiomyocytes pour réparer le tissu cardiaque après un infarctus, ou des cellules pancréatiques pour soigner le diabète).  Ainsi, le généticien français Axel Kahn déclarait : « Mon pronostic est qu’on annoncera la naissance d’un enfant cloné avant la guérison de quiconque par clonage thérapeutique. », ce qui reflète bien la situation paradoxale du monde scientifique dans ce domaine.

Selon le biologiste Henri Atlan, une des conséquences de la démocratisation du clonage serait la dissociation totale entre sexualité et reproduction. D’après lui, cet aspect reste à la libre appréciation de chacun, et de ses propres convictions. Dans ces conditions, une collaboration accrue entre les sciences sociales et les sciences de la vie sur les questions de bioéthique nous semble nécessaire.

Erwan Guyot – Mylène Gouin – Emilien Pont

L’épistémologie ou la sociologie de la science – Regard critique n°2

Regard critique n°2

Le point de vue du scientifique : Maurice Wegnez, directeur du laboratoire « Développement et évolution » au CNRS.

Voir l’interview de Maurice Wergez : http://www2.cnrs.fr/journal/2953.htm

L’expertise de Maurice Wegnez nous permet de prendre connaissance de l’actualité du clonage, que ce soit sur les dernières avancées scientifiques ou sur l’évolution de la législation en France.

« Qu’il s’agisse d’un amphibien ou d’un mammifère, le principe est le même chez les animaux : intégrer le noyau d’une cellule somatique dans un ovule vidé de son contenu génétique. Chez les mammifères, il faut transplanter l’embryon « artificiel » ainsi constitué dans une femelle receveuse. Globalement, la proportion d’embryons implantés qui parviennent à se développer jusqu’à donner des êtres viables reste extrêmement faible : moins de 1 %. Le clonage des végétaux est plus facile à réaliser et pratiqué de longue date : bouturer une plante, c’est la cloner. » Cette explication furtive des méthodes de clonage nous informe sur la complexité qu’entraine un clonage animal, malgré la réussite célèbre de la brebis Dolly.

Toutes proportions gardées, le professeur tire trois avantages possibles dans les avancées du clonage.

« Cloner des animaux sélectionnés pour leurs performances permettrait de produire des individus aux performances a priori identiques à celles de leur géniteur. » Cette possibilité permettrait d’élever et de cultiver des espèces plus productives, mais elle n’interroge pas les conséquences que pourrait avoir des organises génétiquement modifiés sur notre environnement et notre santé.
D’autre part, « le clonage est envisageable pour éviter l’extinction de certaines espèces en péril. »

Enfin, la possibilité de développer un clonage thérapeutique qui permettrait d’ouvrir de nouveaux horizons à la médecine. « L’espoir du clonage thérapeutique est de soigner avec des cellules souches issues des patients eux-mêmes, ce qui éliminerait les risques de rejets. Cela implique de pouvoir contrôler in vitro la spécialisation de ces cellules en vue de réparer un cœur, un foie ou un poumon défaillant. Mais obtenir ces précieuses cellules nécessite au départ de nombreux ovocytes et la mise en culture d’embryons humains dont le statut ontologique soulève un problème éthique. (…) Si la nouvelle loi française de bioéthique interdit le clonage thérapeutique, elle autorise toutefois les travaux sur les embryons « naturels » congelés issus d’une fécondation in vitro et qui ne font plus l’objet d’un projet parental. Le décret d’application est paru en mars dernier. » Le clonage humain est accepté pour certains éléments et suivant certaines conditions en France, mais pas dans la totalité. Qu’en sera t’il dans quelques années et dans d’autres états ?

Maurice Wegnez évoque les problèmes posés par le clonage humain aujourd’hui et demain. « Il y a quelque chose de déshumanisant à vouloir reproduire un homme à l’identique. Depuis la loi du 6 août 2004 relative à la bioéthique, le clonage reproductif humain est formellement prohibé en France. Plus largement, il fait aujourd’hui l’objet d’une réprobation quasi unanime dans le monde. Reste à savoir comment, d’ici quelques décennies, évolueront les mentalités et la loi. » Tant qu’aucune législation mondiale sera mise en vigueur, la possibilité de voir le clonage humain se développer librement sera présente.

Cette question se pose déjà avec les animaux domestiques. Le clonage de chat ou de chien est accepté par certains états, comme le Japon ou la Corée du Sud. Contre une somme d’argent conséquente, certains laboratoires clonent des chats ou des chiens mort pour apaiser le malheur des riches propriétaires.

Erwan Guyot – Mylène Gouin – Emilien Pont

L’épistémologie ou la sociologie de la science – Regard critique n°1

Regard critique n°1

L’avis contemporain de l’épistémologue Bruno Latour

Voir l’interview de Bruno Latour par Slate : http://www.slate.fr/tribune/79240/interview-bruno-latour-gouvernance-mondiale-uzbec

Plus de vingt six ans après la parution de son premier livre introduisant le rapport entre science et sociologie, Bruno Latour exprime son opinion sur des questions de société comme le clonage. Il développe son propos par la relation ambiguë entre science et politique, qui n’est autre qu’un parallèle à l’épistémologie.

« Au XVIIe siècle, avec Hobbes, on a inventé l’idée que la politique pouvait se faire par les sciences. On a établi une constitution du monde avec, d’un côté, la nature, laissée aux savants, et, de l’autre, la politique, qui relèverait des passions. On a dépolitisé les questions de nature. Aujourd’hui encore, on s’adresse aux experts pour savoir si les OGM sont bons ou pas, si le climat se réchauffe ou pas. Mais si les scientifiques sont vraiment bons, ils ne peuvent pas tous être d’accord ensemble. Donc le consensus scientifique ne permet jamais d’agir politiquement. »

Dès lors, pour aller de l’avant, Bruno Latour pense qu’il faut réussir à instaurer un débat mondial autour des questions internationales. Pas comme aujourd’hui, avec les sommets et les G20, car les états sont directement représentés par leurs plus haut dirigent, ce qui entraine une agrégation stérile de pouvoir. Plutôt par la création d’un parlement international, permettant d’échanger sur le long terme dans le but de trouver différents consensus d’homogénéisation.

« Prendre une décision ne signifie pas être arbitraire ou valider l’avis des experts. C’est plutôt voter pour accepter de ne plus discuter d’un certain nombre de connexions. Il y aura toujours des controverses, mais c’est la décision politique qui permet d’agir politiquement dans un temps historique donné (…) Si on avait l’habitude de voir les problèmes ainsi, on serait moins intimidés par leur caractère complexe. D’abord, ils ne sont pas toujours si complexes. Et puis, il faut sortir de l’idée qu’ouvrir la boîte de Pandore de tous ces débats nous empêcherait de prendre des décisions politiques. »

La mise en place d’un Parlement mondial permettrais de repolitiser de nombreuses questions et d’y répondre politiquement par des actes internationaux. Nous pouvons nous interroger sur la faisabilité d’une telle idée dans le monde actuel de par la complexité politique posé par le déroulement d’un tel Parlement. Combien d’états participeraient ? Néanmoins, il est évident que le contrôle du clonage serait l’un des premiers sujets sociaux à traiter.

Erwan Guyot – Mylène Gouin – Emilien Pont

L’épistémologie ou la sociologie de la science – Cas d’étude n°3

Cas d’étude n°3

Le clone comme outil pour la science / Moon, Duncan Jones, 2009

Moon DVD Jacket

Ici, la science est le moyen d’exploiter des clones pour extraire de l’énergie.

Les clones sont utilisés dans le but de surveiller des installions lunaires produisant la nouvelle source d’énergie de la Terre, l’hélium III. Un par un, les clones sont envoyés sur la base lunaire pour une durée de trois ans, ils sont accompagnés d’une intelligence artificielle programmée pour les rendre heureux, stables, efficaces, et les accompagner dans leur solitude. Le clone a pour objectif de retourner sur la terre à l’issue de ces trois ans pour rejoindre femme et enfant.

Mais un jour, Sam Bell découvre un corps lors du contrôle d’une installation. Il le rapporte à la base pour le soigner mais il s’aperçoit que l’homme lui ressemble beaucoup trop. Dès lors, Sam Bell questionne son compagnon artificiel qui est dans l’incapacité de lui mentir sur sa nature puisqu’il doit satisfaire son humeur. On découvre alors que le héros est un clone comme un autre qui, à la fin du contrat ou dans le cas d’un accident, est remplacé par un autre clone aux mêmes souvenirs humains.

Le clone est un simple outil d’exploitation envoyé sur la lune. Il permet de fournir les besoins énergétiques à la Terre, il n’est pas considéré comme un être humain. Il est produit en grande quantité mais son existence reste dissimulée au reste de l’humanité. On découvre que l’entreprise d’exploitation de l’énergie cache l’utilisation de clones à la société pour ne pas créer de malaise et de rejet. L’énergie extraite sur la Lune est indispensable à la survie de l’homme et l’utilisation d’un clone comme vulgaire outil est un dommage collatéral négligeable. À l’issue du film, un clone arrive à retourner sur la Terre. Il révèle le secret au grand jour et une nouvelle crise énergétique apparaît.

Erwan Guyot – Mylène Gouin – Emilien Pont

L’épistémologie ou la sociologie de la science – Cas d’étude n°2

Cas d’étude n°2

Le rejet de l’avancée scientifique (le clonage) par la société / Le Prestige, Christopher Nolan, 2006

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Ici, la science est le moyen de divertir la société.

Un tour de magie est constitué de trois phases ou actes : la promesse, le tour et le prestige, étape ultime de l’illusion. Sans ce troisième acte vous n’applaudissez pas. Le prestige est la partie qui nécessite l’appel aux sciences.

En 1886, deux magiciens surdoués, submergés par leurs obsessions, se détruisent mutuellement en usant les profils les plus obscurs de leur art. La réalisation du tour de «L’homme Transporté» devient le challenge ultime.

«Mais comment font-ils pour se déplacer de 50m en moins d’une seconde ?»

L’un à un frère jumeau. Il se partage maquillages, costumes, vie, et applaudissements.

L’autre fait appel à la science. Il demande à Nikola Tesla, célèbre ingénieur serbe dont Thomas Edison à voler de nombreuses inventions, de lui fabriquer une machine. Elle doit rendre possible la duplication par l’utilisation d’un champ magnétique d’un nouveau genre issue d’un générateur ultra-puissant. Le scientifique réussi. Dès lors, l’artiste produit un show exceptionnel. Pour les cents représentations, il se crée tour à tour cents clones. Ainsi, l’impression d’une réelle téléportation devient possible avec l’apparition instantanée du magicien à 50 mètres de sa position initiale. En coulisse, le double est enfermé dans une boite, noyé, tué, stocké et évacué.

La science est cachée à la population dans le but d’un divertissement ultime. Cette supercherie est possible par l’intermédiaire d’un rejet par société d’une possibilité d’obtenir ce résultat par fait scientifique.

Au 19e siècle et encore aujourd’hui, la société n’envisage pas de manière frontale l’évolution de la science malgré les nouvelles possibilités à prendre en compte tel que le clonage. Les découvertes font peur. Hier, les sorcières étaient brulées, Galilée était mis au cachot, aujourd’hui, l’évolution de la science est codifiée suivant l’éthique de chaque état, sans être discuté, sans être réfléchit, sans aucun consensus moral.

Erwan Guyot – Mylène Gouin – Emilien Pont

L’épistémologie ou la sociologie de la science – Cas d’étude n°1

Cas d’étude n°1

L’utilisation du clone comme produit de consommation / The Island, Michael Bay, 2005

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Ici, la science apporte le moyen de créer de la longévité.

Au sein d’une société confinée, vivent des AGNA, êtres sans conscience, sentiments, douleur… Ce sont des doubles de personnalités, de gens fortunés, de l’élite sociale. Ces êtres de l’ombre représentent le nouveau rêve américain : vivre plus longtemps toujours aussi beau et riche. Les AGNA représentent des investissements à vie, on se sert d’eux comme des purs produits de consommation. Ils donnent des organes : un doigt par ci, un rein par là. Ils portent les fétus puis accouchent. La technologie permet de maintenir la population de replacement dans un état contrôlable.

Pour cela, on leur inculque un souvenir commun suivant quelques schémas mémoriels. Une contamination planétaire a dévasté l’humanité et ils sont les derniers survivants.

Les AGNA sont des êtres suivis, à mémoire artificielle, fabriquant de la data. Ces données permettent un suivie de leurs psyché, de leur alimentation, de leur «bien-être». Ainsi, ils sont des produits de consommations de luxe, très chers et réservés à une infime partie de la population.

Cette science fictive est un privilège pour une clientèle pas vraiment informée que les «pièces détachées» qu’ils achètent sont directement issus de leurs semblables, en réalité totalement vivants, conscients et curieux. Ils rejettent cette idée sans jamais chercher à comprendre.

Erwan Guyot – Mylène Gouin – Emilien Pont

L’épistémologie ou la sociologie de la science – Article introductif

Article introductif

Bruno Latour, La science en action : Introduction à la sociologie des sciences.

Édition originale : Latour, Bruno, Science in action. How to Follow Scientists and Engineers, Harvard University Press, Cambridge, 1987.
Édition actuelle : Latour, Bruno, La science en action. Introduction à la sociologie des sciences, La Découverte Poche, Paris, 2005, 663p. Traduit de l’anglais par Michel Biezunski.

Dans son premier traité sociologique sur la science en train de se faire, Bruno Latour a pour but de nous ouvrir les yeux sur l’importance de la sociologie dans l’évolution scientifique. Pour ce faire, il dresse sept règles de méthodes et six principes à suivre pour mener à bien le développement d’une découverte scientifique et, par l’intitulé de ces treize points, il démontre que la science est sociale. Ainsi, il nous décortique le processus de construction d’une avancée scientifique et il démontre, par cette description, que la sociologie de la science existe.

Dès les prémices de son livre, Bruno Latour met en exergue la contradiction du sujet auquel il s’attaque. Il veut étudier la sociologie des sciences qui, pour beaucoup, est impossible par nature. « Le rejet de la sociologie des sciences (…) organise depuis toujours la définition française de la rationalité » p12. Pour lui, la sociologie des sciences doit « rechercher empiriquement les multiples différences qui distinguent les sciences les unes des autres et les pratiques scientifiques d’autres pratiques » p 14.

La sociologie des sciences n’est ni idéaliste, ni relativiste, mais réaliste.

Pour certain, le terme social rime avec conventionnel, arbitraire ou idéologique, or la sociologie des sciences se bat contre ce préjugé de la société. « Pour la sociologie des sciences, on ne rabaisse pas un fait à l’arbitraire social, on élève un non-humain en l’engageant dans de nouvelles associations au sein du collectif » p 16. L’essor la sociologie des sciences, mise en place en partie par cet ouvrage, doit remettre en cause la définition de société. Dès lors, Bruno Latour conclu son ouvrage introductif par une ouverture : « Ce livre a été écrit pour un espace libre et un peu d’air frai à ceux qui veulent étudier indépendamment les extensions de tous ces réseaux » p 623.

Ainsi, comment se rendre compte de l’importance de la sociologie dans le développement d’un fait scientifique ? Et à contrario, comment comprendre l’importance de la science de notre société ?

Pour développer notre analyse sur le rapport entre science et société, notre groupe de travail va répondre à ces questions à travers l’étude du clonage. Trois cas d’études, trois films de science-fiction, permettront de confronter le clonage à un avenir possible. Puis, trois avis critiques de sociologues sur le sujet nous aideront à mieux cerner cette problématique contemporaine. Enfin, un article de synthèse conclura sur notre apprentissage de l’épistémologie.

Erwan Guyot – Mylène Gouin – Emilien Pont